On prend les mêmes et on recommence ! DEAD BOY nous avait régalés en mai dernier en programmant les mancuniens psyché les plus stupéfiants, transformant le Batofar en véritable paradis sur Seine, et occasionnant un concert qui entrait jusque-là aisément dans notre Top 3 de l’année. Ce soir nous touchons un peu plus au divin sous un ciel parisien quasi hivernal, à l’occasion de la première date de cette nouvelle tournée européenne de THE UNDERGROUND YOUTH.
En ouverture dans un Point Éphémère un peu froid et parsemé, les parisiens de FUTURE embaument à merveille de leur shoegaze/darkwave hypnotique. Leur présence ce soir, au regard de la tête d’affiche, nous apparaît une évidence : quel autre groupe saurait mieux nous immerger dans les méandres délicieux de THE UNDERGROUND YOUTH ?! Le bassiste/vocaliste Yann Canévet et Brice Delourmel à la gratte sont proprement habités, courbant l’échine sous le poids de leurs reverb’ poignantes. L’acoustique de la salle est limpide ; les petits malins qui sont arrivés tôt ce soir ont bénéficié d’un set aussi éblouissant dans son rendu que mélancolique dans ses intentions.
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BICHE prend la relève de ses envolées seventies, évoquant à l’occasion les canadiens de CHOCOLAT. Véritable intermède entre les deux sets sombres de la soirée, BICHE leur oppose un monde sensiblement différent. On aime ou on n’aime pas, les textes en français sont expressifs, naïfs et assumés. Alexis Fugain (oui, fils de), avec beaucoup de chaleur, s’expose régulièrement à son audience, lui soulignant qu’il s’agit ce soir d’un moment exceptionnel pour nous tous. Et comme il a raison ! Le final sur une reprise de Paul Nareff (à en croire son intonation !), « La Mouche », virevolte en longueur sur une dizaine de minutes, tandis que nous sommes témoins de quelques connivences entre les membres de THE UNDERGROUND YOUTH attentifs, calés près du merch.
22h25 : toujours aussi dépouillé, viscéral et grave, le combo de Manchester annonce rapidement la couleur : voix grave et rythme implacable, dès les premiers instants sur « Lost Recording » nous ne pouvons retenir un souffle de « Woaw! ». Une admiration absolue qui ne cessera de se renouveler… L’entêtante « I Need You », pourtant assez courte, résonne au même titre que « Morning Sun » comme l’un des innombrables moments de grâce infinie de ce set. THE UNDERGROUND YOUTH emmène son auditoire vers de splendides contrées, Frankie tabasse sa guitare à coups de sangle pour en extraire des sanglots merveilleux, ou la délaisse sur « Strangle Up My Mind » pour bidouiller du pedal train avec ses doigts magiques… Max assure ses lignes de basse le rock’n’roll chevillé au corps, sort occasionnellement son peigne pour parfaire son allure. Ce dernier se révèle d’ailleurs particulièrement loquace après les concerts, plein de gentillesse et d’anecdotes de tout type… Mais surtout, si nous devions ne retenir qu’une image : le final avec la si bien nommée « The Rules of Attraction », lorsqu’on remarque une jeune femme en transe absolue. Elle fait face à un Craig Dyer tombé dans la fosse dos à la scène. Son visage irradie : elle passe le moment le plus jouissif de sa vie, c’en est renversant ! Extraordinaire performance en effet, au cours de laquelle les paroles scandant quelques « I Love You » se reflètent comme la mise en abîme la plus troublante entre un groupe et son public, si intimes, si proches. Un rappel inévitable clôt le tout sur une note douce : notons le choix de « Heart on a Chain » en ballade pop toute fine, scintillante comme la nuit qui nous appelle désormais.
Si en discutant ensuite avec le groupe nous apprenons avec surprise que ce lancement de tournée était un échauffement après quelques semaines sans répet’, c’est terriblement fascinés que nous nous remettons de nos émotions.
Texte et photos : © erisxnyx pour STBC
Remerciements à Dead Boy