Le promoteur de concerts DEAD BOY nous a concocté une belle affiche psyché ce soir, en forme d’ascension fulgurante tel un trip sous substances psychotropes, d’abord timide, puis irréparable.
Dans une cale du Batofar relativement aérée, les Nantais DES ROSES montent sur scène présenter leur dream pop évanescente quelque peu linéaire, laissant aisément ressortir les effets du tangage léger et néanmoins sournois. La beauté des trois voix mêlées est tangible, froide et lisse, sans malice.
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Lorsque MOONSTERS pointent leur museau, le décollage de rythme espéré opère, le guitariste-vocaliste en chef Arthur Jacquin arborant un look rappelant Chilli Jesson de Palma Violets. S’ils sont convaincants en formation exceptionnelle (une guitariste renfort remplace ce soir leur clavier), la sauce prend véritablement sur le dernier titre joué, « Dirty Hands », s’éternisant en loops garage. L’anecdote cadeau en forme de question bonus : Dead Boy aurait-il également programmé Moonsters ce soir si ces derniers avaient gardé leur ancien nom Underground Beats ?! La concurrence aurait été rude…
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Car lorsque THE UNDERGROUND YOUTH entame ses premiers accords, un autre cap vient d’être passé sur la Seine, une irrépressible claque sonique s’abat sur nos neurones. A ma gauche, l’allure 1000% rock’n’roll de Max : perfecto cuir, jean, gomina et peigne à portée, la pose pronateuse et la ligne accrocheuse de sa flamboyante basse d’un bout à l’autre du set. Au fond, Olya debout en jupe cuir noire tambourine tom basse et caisse claire en laissant voler ses cheveux longs, d’une douceur absolue et d’un entrain implacable : elle détient les maracas. Son époux Craig, lui, porte le mascara, dégoulinant sur un sourire en coin discret, il réaccorde régulièrement sa Vox Phantom et évoque Ian Curtis, tendance premiers The Cure. Un peu plus à droite voire carrément à pieds joints dans la fosse, Thomas le gratteux s’éclate ; va jusqu’à poser son engin sur 2 morceaux pour s’asseoir au bord du retour, à bidouiller de la pédale et siffler sa méga bouteille de whisky. Le clavier oscille en transe introspective au fond à droite…
Malgré tout ce beau monde sur scène, le son s’avère plutôt dépouillé, viscéral et grave.
L’aura cosmique cernant chaque seconde de « Morning Sun » sur un peu plus de deux minutes mène à la pleine extase de « Delirium », sans que la pression ne retombe jamais jusqu’à enchaînement magistral « Sadovaya » / « The Rules of Attraction » où les deux guitares et la basse finissent en bain de foule hallucinatoire, immense communion onirique laissant doucement décrocher l’audience.
Évanouis backstage un par un, le rappel des mancuniens est inévitable : les si bien nommés « Dreaming » et « Drown in Me » nous gardent en douce apnée lascive.
Un si grandiose partage ne pouvait finir ainsi, l’audience plébiscite un deuxième rappel non prévu, auquel Craig Dyer répond en solo armé de sa Vox, pour une ultime berceuse, surréaliste à couper le souffle. Les applaudissements sont presque muets tant la claque était violente.
Dernière anecdote étrange, aucun merch ce soir, malgré la présence de 3 groupes ! Il faudra demander à la manageuse de The Underground Youth pour l’acquisition d’une sérigraphie réalisée par Olya Dyer, précieusement planquée backstage !
Le prochain LP « Haunted » tournera sur nos platines à sa sortie cet été, et l’été semble bien trop loin.
Texte et photos © erisxnyx pour STBC
Remerciements au Batofar