ROCK EN SEINE – Samedi 27 août

Avant de nous lancer dans la fournaise du domaine de St Cloud, cette deuxième journée de ROCK EN SEINE nous paraissait potentiellement au-dessus de la première. Une programmation plus cohérente dans son ensemble et pour le coup, un ‘vrai’ headliner (voire deux ….) fédérateur.
La chaleur écrasante nous fait louper KAVIAR SPECIAL mais c’est pour mieux les retrouver prochainement au festival normand qui va bien, le ROCK IN THE BARN.

On s’était filé rendez-vous pour les retrouvailles avec WOLFMOTHER. Découverts en 2000 en première partie de Pearl Jam, les australiens font partie des groupes qui ont compté dans notre parcours musical et qui ont su marquer leur époque avec des hits rock impeccables à la sauve heavy.
En 2016, sur la grande scène de St Cloud, WOLFMOTHER nous renvoie des années en arrière avec ses tubes Woman, l’imparable « Joker and The Thief » ou le plus récent « New Moon Rising » et on secoue volontiers la tête. Si le groupe n’avait pas rythmé notre jeunesse, on aurait du mal à se faire convaincre aujourd’hui, les ficelles nous paraissant un peu trop grosses. Mais Andrew Stockdale, le guitariste/chanteur/taulier, fait bien le boulot et la carte nostalgie remporte finalement le pli.

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On vagabonde un peu ensuite du côté de la scène Pression Live où BEAU, jeune groupe new-yorkais signé chez Kitsuné, nous paraît bien trop tendre. En fait, on attend GRAND BLANC qui se met doucement en place de l’autre côté. Voilà un groupe qui nous avait claqué à ces débuts avec un premier superbe premier EP et des chansons comme le tube cold-wave « Samedi La Nuit » ou la superbe « Montparnasse ». Depuis le groupe a eu le temps de se façonner sur de nombreuses dates et a pris le temps de sortir son premier album qui nous a un peu échappé. Si on était donc plutôt emballé à l’idée des retrouvailles, on allait un peu déchanter. Globalement il manque le peps’, la puissance nécessaire pour tenir une grande scène extérieure. Des chansons inégales peu aidées par une scéno sans inspiration, un chant parfois approximatif, GRAND BLANC nous déçoit. On croit encore suffisamment dans le talent des messins pour renverser la tendance lors de leur prochaine tournée en salles.

Nous avions déjà passé un bon moment avec LA FEMME quelques semaines plus tôt à St-Malo, du coup rien ne nous incitais à les zapper cette fois-ci. Décision confirmée sur les premières notes de « Sphynx », tube du nouvel album qui nous avait peu emballé au départ mais qui finit par s’établir tranquillement. Le groupe continuera à diviser tout amateur de musique, mais pour peu que l’on accepte de se laisser envahir par l’univers du groupe, la résistance semble vaine. Faisant figure d’ovni sur une scène française relativement codifiée, La Femme n’en a absolument rien à foutre et c’est tant mieux. Car si la naïveté des paroles ou le caractère rétro assumé du groupe en laisserons beaucoup sur le bas-côté, l’énergie et le fun qui s’en dégagent restent absolument communicatifs. On fermera donc les yeux sur les horribles goûts vestimentaires de Marlon et on continuera d’admirer cette bande d’ados qui ne semble être là que pour s’amuser en attrapant mine de rien plus finement qu’il n’y parait quelques thématiques contemporaines.

Puis direction la Grande Scène pour le rassemblement hippie de cette édition, EDWARD SHARPE AND THE MAGNETIC ZEROS. Le grand dadais hirsute Alex Ebert façonne toujours son show rassembleur par sa générosité et son entrain. Grand manitou haut perché, le chanteur reste au centre de toutes les attentions devant sa dizaine de musiciens et les tubes s’enchainent plutôt bien. Cela dit, le départ récent de sa compagne Jade (déjà absente du dernier album) donne un petit coup de vieux aux titres. La candeur de la demoiselle donnait aux titres un relief bienvenue, jeu du chat et de la souris stimulant, là ou son absence marque au contraire un certain manque d’éclat et une petite lassitude. Pensée interne qui semble cependant ne pas affecter beaucoup un public plutôt ravi de reprendre en cœur les titres mais dont on retiendra plus l’évident « 40 Day Dream » que le single devenu agaçant « Home ».

C’est décidément la journée des allers-retours entre les 2 grandes scènes, et cette fois, on ne perd pas de temps à traverser le parc de Saint-Cloud, car c’est SIGUR ROS qui fait son grand retour. Sans actu immédiate mais fort d’une discographie imposante et d’une crédibilité jamais altérée, le groupe nous offrait donc sa présence ce soir-là. Obscurité nocturne obligée pour les islandais qui se produisent à présent en effectif réduits (on était plus habitué à les voir à 5 ou 6, ils ne seront que 3). Mais pas d’inquiétude, le show des islandais se révèle absolument magnifique ! Armé d’une imposante et impressionnante mise en scène lumière, le trio prend comme d’habitude son temps pour installer ses ambiances atmosphériques, et nous donne la chair de poule dès qu’il fait exploser ses instrus. Son impeccable, scénographie géniale, intensité constante, il n’en faut pas plus pour que la bande de Jonsi pose l’une des plus belles prestations du festival !

Enfin si le headliner de la veille ne nous avait pas tenu en haleine, ce samedi va au contraire renverser la donne. C’est toujours avec une ferveur intense que l’on attend un concert de MASSIVE ATTACK et malgré quelques curieuses surprises, autant l’avouer directement, on a pris un pied fou à voir à nouveau les bristoliens sur scène. Tête rassurante de la formation, le génial Horace Andy lance les hostilités et reviendra poser sa voix unique à plusieurs reprises (les claques soniques « Angel » et « Girl I love you »). Collaborateur récent, Azekel accompagne également 2 titres de son splendide chant (les très belles « Ritual Spirit » et « Pray for Rain »), tandis que Tricky qui passait par là signera un passage sur scène assez absurde pour Take it There. Ne sachant pas si le garçon était trop éméché ou n’avait juste pas envie, son passage nous a semblé complètement inutile tant sa voix était absente et sa prestation grotesque. La grande absente de ce concert restera cela dit Martina Topley-Bird, son absence nous arrachant malheureusement de la setlist les indispensables « Teardrop » ou « Paradise Circus ». Mais évidemment, le groupe a d’autres atouts comme la guitare furieuse d’Angelo Bruschini, devenu un élément essentiel tant ses élans sont maitrisé à la perfection et nous foutent une claque monumentale dans les oreilles. Le son global d’ailleurs, se révèle d’une telle précision qu’on applaudit à bras levé la régie et les ingés ! Au milieu de plusieurs invectives politiques de Robert Del Naja, notamment sur le Brexit (mais quel groupe anglais présent au festival ne se sera pas excusé de cette belle connerie… ?), on approche de la fin. La chanteuse Deborah Miller prend alors place derrière le micro et pose un supplément d’âme en interprétant l’excitante « Safe from Harm » avant de clôturer le set par l’essentielle « Unfinished Sympathy ». De quoi nous laisser reprendre le chemin de nos lits avec pas mal de satisfaction et l’envie d’en découdre avec la dernière journée !

Photos © Bastien Amelot
Texte @ Bastien Amelot et M.A pour STBC

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