Nous y voilà, ROCK EN SEINE. A l’issue de chaque édition, on se dit qu’elle sera notre dernière… Devenus plus habitués par choix à des festivals à taille humaine, la démesure du grand rassemblement parisien nous rebute toujours un peu plus. Malgré tout, il est difficile de passer à côté de l’événement car une fois notre propre sélection opérée parmi la programmation, on y trouve notre compte. Entre pointures incontournables, révélations de l’année écoulée et artistes qu’il fait bon de recroiser, ROCK EN SEINE demeure un rendez-vous difficile à occulter pour STBC. Car c’est aussi l’occasion de retrouver les potes et une bonne partie des partenaires avec qui nous collaborons toute l’année. Retour sur notre festival 2016, marqué par une chaleur étouffante.
On arrive un peu avant le concert de SLAVES. Le temps de reprendre un peu nos marques avec les lieux, les anglais déboulent sur la scène Pression Live. On avait mis une croix rouge à côté de leur nom depuis leur passage mémorable à La Maroquinerie le 5 novembre dernier (voir le report au péril de notre vie ici). Alors même si leur set sur cette scène extérieure et en journée n’aura pas le même effet dévastateur que dans « notre Maro », le duo envoie une sacrée claque d’énergie punk. Une bonne dose d’amour également, Isaac et Laurie requérant en plein milieu que tous se fassent des câlins. Isaac pointe du doigt Stéphane Saunier en zone VIP : « toi aussi avec la chemise, là ! Enlace ton voisin ! », et prend la sécu en crash barrière à témoin… La setlist est riche, même si en festival elle sera toujours trop courte : on a tout de même le plaisir de retrouver les désormais classiques « White Knucle Ride », « Where’s Your Car Debbie? » et « Beauty Quest », auxquelles se fondent de nouveaux titres tels que « Rich Man, I’m Not Your Bitch » ou « Spit It Out », entrecoupées des bombes « Sockets », « Cheer Up London » et « Hey », pour finir sur « The Hunter ». Les fans adorent, les novices semblent conquis…
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On file illico sur la scène Industrie pour attraper à la seconde près le début de l’autre concert très attendu de la journée. THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE sont de retour à Paris après un Trianon triomphal fin juin, et rassemble ce jour de nombreux fans venus exprès de toute la France. Encore une fois, l’expérience live est bien meilleure en salle, quoique la bonne humeur évidente et la décontraction des californiens nous fait passer une petite heure bien agréable. Quelques titres emblèmes du groupe font toujours l’unanimité (on pense à « Anemome »), tandis que la formation se balade avec autant d’aise sur la nouvelle « Groove Is In The Heart » et les assez récentes (Revelation, 2014) « Days, Weeks and Moths » et « Vad Hände Med Dem? » chantée en anglais. Le pape Newcombe pourrait se la jouer diva, il réclame pourtant moins de retours : « I don’t need these. I need what I need! »… Ça fait sourire tout le monde, le son s’avère particulièrement bon sur la pente de l’Industrie.
Retour curieux sur la petite scène Pression Live collée aux remparts, pour JACK GARRATT. Si le bonhomme joue une musique pop électronique assez éloignée de notre univers, on doit bien reconnaître que l’anglais est bourré de talent, seul derrière une batterie à cogner ses fûts, bidouiller des samples ou triturant sa guitare. On respecte !
On traîne un peu en attendant la suite d’une programmation, ce vendredi la moins dense en terme d’intérêt selon nous ; ce qui nous laisse le temps de profiter des copains et de nous rafraîchir. Mais l’obscurité prend bientôt place pour laisser champ libre à CLUTCH, la formation stoner du Maryland. Il ne faudra pas bien longtemps avant que les jambes se délient et que les têtes sautent dans la foule. Animé par le charismatique Neil Fallon, le quatuor sert son savoir-faire et sa puissance rock, blues, heavy sur un plateau d’argent. Tout s’enchaîne si bien qu’on ne décroche pas de la scène de l’Industrie, on savoure ce set sans temps mort, exécuté à la perfection par une bande de quadra qui roule sa bosse sur scène depuis plus de 20 ans, de quoi donner des leçons à certains. Un des tout meilleurs concert de cette édition, tout simplement !
On passe ensuite avec curiosité sur la prestation de ROYAL REPUBLIC. Rien de révolutionnaire certes, mais la joyeuse humeur, l’humilité et l’humour des suédois fonctionnent parfaitement. Preuve en sont ce reniflage collectif du soutif rouge balancé sur scène, et l’assise progressive de toute l’audience pour un lever général dans une simple explosion de joie et de partage. On pourrait penser à une pâle copie des HIVES (ah, ce concert mythique à l’édition 2014…) ; on préfère prendre cette dose de fun comme elle est : un excellent moment un peu de loin, avec les potes un soir d’été.
Le troisième groupe que l’on avait décidé de ne pas louper ce vendredi est RENDEZ-VOUS. La cold wave addictive des franciliens nous avait emballés, notamment lors d’une soirée Hello Acapulco en septembre 2015. Dommage pour les gars, le contexte de l’exiguë scène Île de France sous un chapiteau fournaise va gâcher un peu le set. Si on ajoute une sono médiocre ne rendant pas honneur aux musiciens, la tâche devient compliquée… Cependant, les garçons réussissent à livrer un set carré et nous nous projetons rapidement vers le prochain « rendez-vous », qui devrait leur rendre justice : samedi 17 septembre avec THE SOFT MOON au Café de la Danse.
Comme on est tout proche de la grande scène pour le headliner de la soirée, on pointe nos oreilles vers THE LAST SHADOW PUPPETS. Une tête d’affiche qui ne nous semble d’ailleurs guère à la hauteur d’un festival comme ROCK EN SEINE. Avec un deuxième album sorti il y a peu, le festival a pensé que la seule aura du couple Alex Turner/Miles Kane justifiait une programmation en grande pompe cette année. Notre scepticisme se confirme avec un set globalement ennuyeux, malgré quelques sursauts sur « The Age Of The Understatement » ou « Bad Habits ». Le reste du temps, les deux compères nous laissent songer qu’ils se perdent en mièvreries, surjouant à la moindre occasion et peinant à tenir un public qui se disperse au fur et à mesure du show. TLSP aurait dû devenir un grand projet, mais la facilité dans laquelle se vautre le duo gâche notre plaisir. N’en déplaise aux Inrocks, oui, il est parfaitement possible de ne pas succomber au charme un peu plastifié du duo, et préférer revoir Alex Turner dans sa formation d’origine.
Photos © Bastien Amelot et © erisxnyx
Texte © team stbc