Tout juste arrivé à la Maroquinerie en ce froid mercredi soir, on constate d’emblée la popularité dont profite Gareth Michael Coombes, même 20 ans après les débuts de son groupe Supergrass. Vétéran de la Brit-pop des années 90, on aurait pas forcement parié sur son retour gagnant en solo, mais le public semble en avoir décidé autrement en remplissant abondamment la petite salle de Ménilmontant.
Déjà en 2012, il y a eu le très bon Here come the Bombs. Si l’album ne brillait pas forcément par sa nouveauté, il prouvait que l’anglais n’avait rien perdu de son panache avec des morceaux pop-rock énergiques et diablement efficaces qui laissaient déjà entrevoir une envie de se renouveler. Puis en ce début d’année, on a pu découvrir Matador, un second album qui laisse place à une maturité bienvenue, un désir de prendre des risques et de s’affranchir des formats.
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La salle est donc pleine, la presse a dégainée quelques caméramans pour immortaliser la soirée, les techniciens s’affairent sur la petite scène, gaffent le moindre câble, vérifient quatre fois les instruments… Gaz Coombes semble attendu au tournant ! C’est ainsi qu’il entre en scène vers 21h avec ses 4 musiciens, le regard baissé, curieusement intimidé, s’installant au clavier pour jouer les premières notes de Buffalo, ouverture théâtrale du 2nd album. On est vite saisit par la puissance de sa voix, le beau mélange de nappes électro et cette guitare qui s’envole au milieu du titre.
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L’enflammée Divider muscle le jeu. Seven Walls avance en douceur avant de se transformer en torch song ardente, pendant que la mélodie parfaite de White Noise nous enveloppe tendrement. On est pas mal servi !
Sans démériter, les musiciens s’effacent derrière le frontman tant sa présence occupe la scène. Gaz Coombes change de guitare à chaque morceaux, se remet au clavier, triture des boites à rythmes et transpire tout ce qu’il a en délivrant ses chansons avec une réelle sincérité. Il lui faudra tout de même plus de la moitié du concert pour qu’il se lâche un peu plus, sentant le public décoller sur l’imparable single Hot Fruit. On appréciera particulièrement la suite avec la sensible 20/20 qui passe de la douceur à l’éclat, le folk teinté d’électro discrète de Detroit, les loops obsédantes de The English Ruse ou la tension constante de To The Wire avec son final grandiose.
Avec sa quinzaine de chansons, le chanteur aux rouflaquettes s’est montré touche à tout et habité par ses titres bien que manquant un peu d’entrain pour emballer vraiment la soirée. On aurait peut-être aimé qu’il ne laisse pas à ce point retomber la tension entre les titres, qu’il les emmène parfois encore plus loin, les étirant dans des sphères encore plus sombres. Mais au vu de ses compositions, sa voix impressionnante, sa joie lors des remerciements, on se dit que Gaz Coombes a bien confirmé son retour dans la sphère des musiciens à suivre. De ceux, discrets, qui se construisent patiemment mais sûrement.
Remerciements à Caroline International France
Photos © Bastien Amelot