PREOCCUPATIONS + GIRL BAND + FROTH (19/11/16) – Le Trabendo

C’est le magazine papier référence New Noise et le tourneur My Favorite qui nous avaient programmé la soirée immanquable du mois de novembre. Trois groupes sur la timetable dont deux formations références au sein de la team STBC : GIRL BAND et PREOCCUPATIONS.

Le Trabendo est quasi complet pour l’occasion, la réputation scénique des deux groupes a opéré. Pour patienter et parfaitement compléter la prog’, on a fait appel aux californiens de FROTH. Avec l’annonce d’un troisième album pour février 2017, le groupe de Los Angeles surprend en mettant de côté son indie surf vintage , pour s’aventurer vers des sonorités plus atmosphériques et rêveuses, lorgnant vers le shoegaze. La demie heure de set de ce soir confirmera cette nouvelle direction. On espérait l’excellent single « Lost My Mind » par lequel on a découvert FROTH en 2014, en vain. L’accent est mis sur le prochain LP et au final on y trouve notre compte. Les récents titres sont suffisamment bien fichus pour capter toute l’attention du Trabendo, à l’image du récent single « Contact ». On a même droit à un titre lent noyé dans les guitares, digne des meilleures chansons de Slowdive. Dommage que la voix du chanteur, un peu terne en live, ne puisse se hisser au niveau d’un groupe qui mériterait une meilleure exposition. On les attend à Paris l’an prochain pour une vraie date.

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C’est avec une certaine excitation que l’on attend la prestation de GIRL BAND. On avait pris une claque lors du dernier TINALS nîmois et les annulations de leurs dernières dates parisiennes avaient pris des allures de malédiction. Les irlandais se traînent, depuis un premier EP incendiaire, la réputation d’un des groupes les plus ébouriffants en concert. L’attente du public est donc importante ! L’intro de « Why They Hide Their Bodies Under My Garage » retentit. D’emblée on sent bien qu’il va se passer quelque chose, le Trabendo est prêt à exploser ! GIRL BAND est un groupe à part. En choisissant de jouer en ouverture un titre que n’importe quel autre groupe choisirait comme final, les quatre boys déversent un torrent sonore de quasi dix minutes. Inutile de chercher la comparaison ou d’imaginer quelconques influences, ce groupe ne ressemble à aucun autre, si ce n’est qu’il réinvente l’urgence de l’attitude punk.
En créant des chansons au style indéfinissable, en les déstructurant pour mieux les triturer, GIRL BAND se vautre dans une fusion sonique que ses détracteurs jugent inaudibles. Pour les autres et pour nous, c’est tout simplement ce qu’on a entendu de plus bandant sur scène depuis pas mal de temps. Dara Kiely, chanteur / brailleur à la tête d’ange, se pend au micro et tire sur son t-shirt pour faire exploser toute sa rage et déroule la quasi intégralité de l’album « Holding Hands With Jamie » (2015).
Une heure d’un rock urgent, tendu et fiévreux qui laisse sur le cul. Les lumières se rallument, on croise des regards ébahis (dont celui du batteur de Préoccupations), on entend des « ho putain », on voit des fronts en sueur et des t-shits malmenés par la fosse. Nous, on sort fumer une clope, besoin de décompresser après une tannée pareille.

Après deux prestations déjà bien canons, place aux maîtres de la soirée PREOCCUPATIONS. Un passage en coup de vent à l’Olympic Café il y a quelques mois, et les canadiens font déjà leur retour à Paris dans une salle chauffée à blanc !
D’allure plutôt concentrée sur scène, le groupe s’exprime pourtant toujours aussi sauvagement. Ils vont ainsi dérouler sous nos yeux toujours ébahis un set encore une fois impeccable, habilement servi par un jeu de lumières basses et une fumée qui donnent une ambiance anxiogène. Justement, « Anxiety » introduit le concert sous tension, puis la setlist part sur le premier album. L’excitée « Silhouettes », l’impériale « March of Progress » sur laquelle ce cinglé de batteur Mike Wallace nous scotche déjà par sa rythmique martelée, ou l’essentielle « Continental Shelf ». On en est déjà dingue et le public aussi ! Le groupe bifurque ensuite sur le second LP et nous assène coup sur coup le genre de baffes dont on se rappelle (« Degraded, Zodiac, Stimulation… »). PREOCCUPATIONS a une capacité dingue à nous happer dans un univers, dans leurs dissonances abstraites, pour nous saisir sur la durée et ne plus nous lâcher. Alors on pourra regretter les réglages approximatifs de la basse de Matthew Shelf, mais ce n’est pas bien grave. Le groupe déroule son post-punk avec un talent bluffant, passant d’une froideur new wave à une pop éclairée, nous malmenant d’un bout à l’autre du set, brisant les mesures communes des morceaux avec une habileté impressionnante.
Conclusion logique de chaque concert, la monumentale « Death » met tout le monde d’accord. Etiré sur plus de 20 minutes, le titre met à mal les nerfs, laboure littéralement le public à bout de souffle et édifie le batteur Mike Wallace à un rang proche du divin…  Rarement un titre ne nous avait rendu aussi addictif, hagard, proche de la rupture !
Comme à la fin du groupe précèdent, les lumières se rallument sur une foule qui peine à comprendre ce qu’il vient de se passer. Pourtant c’est simple… PREOCCUPATIONS vient de nous enchaîner une série de coups dans la tronche avec férocité ! On ne voudrait pas passer pour des masochistes, mais putain que c’était bon !

On reprend alors un dernier verre histoire de débriefer et redescendre en douceur, l’occasion de croiser Mike Wallace et Scott Munro et de leur dire tout le bien que l’on pense d’eux. Cette New Noise night se conclue ainsi sur une note qui dépasse nos attentes, mais pouvait-il en être autrement avec une affiche pareille… ?

Photos © Bastien Amelot pour STBC
Texte M.A et Bastien Amelot
Remerciements à Beggars France et au Trabendo

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