La grande messe estivale du rock indé a lieu chaque année à Saint Malo et nous ne pouvions ne pas en être. Voici donc quelques photos et avis sur ce que nous avons vécu durant trois jours d’un festival qui aura aussi été marqué par la pluie et la boue, rendant les conditions un peu difficiles pour des festivaliers mis à l’épreuve de LA ROUTE DU ROCK.
JOUR 1 : jeudi 14 août
Cela peut vous intéresser : Concours : JAPANDROIDS à La Maroquinerie (terminé)
C’est donc sous la pluie que débute cette 24ème édition de la collection été du festival malouin. La jeune américaine ANGEL OLSEN ouvre les hostilités sur la scène des remparts avec sa folk électrique ambiance Cat Power qui , une fois les quelques petits problèmes techniques réglées, permet de passer un moment agréable. Un premier concert qui nous amène tranquillement vers la grande scène où THE WAR ON DRUGS donnera une heure d’un set maîtrisé, reprenant essentiellement les chansons du dernier LP « Lost In The Dream« , une des meilleures livraisons du début d’année.
Kurt Vile (membre originel de The War On Drugs), attendu juste après, se joint même à la fête le temps d’un morceau. Adam Granduciel fait résonner ses longs solos de guitare aériens et remue la foule, les pieds dans la boue, sur le tubesque « Red Eyes ». Place au chevelu KURT VILE qui nous plonge dans son univers classic rock tinté d’une folk mélodieuse et efficace. Caché derrière sa tignasse, le jeune homme semble un peu éméché mais assure le coup , sans fioriture.
A voir aussi : Le DISQUAIRE DAY sur Paris
Un tour par « la petite scène » confirmera que REAL ESTATE nous laisse assez indifférent. Peut être à cause du temps trop pluvieux pour des compositions aussi légères et innocentes….. La foule devient compacte pour les très attendus (notamment par nous) THEE OH SEES. Celui qui a déjà vu le groupe en concert sait à quoi s’attendre. Celui qui découvre va se prendre pendant 45 minutes (un set raccourci d’ailleurs ?!) une décharge rock n’roll tendance garage. Le tout avec une classe folle et l’énergie furieuse de John Dwyer guitariste talentueux et chanteur sauvage. Dommage que la mauvaise humeur apparente du leader n’ait pas permis au groupe de lâcher d’avantage les rênes d’un concert qui aurait pu (dû) être l’événement de la journée.
La fin de soirée fera place à l’electro. Tout d’abord avec CARIBOU habitué des lieux et chauffeur d’ambiance précédant le duo « all stars » DARKSIDE qui clôturera la soirée avec un show techniquement parfait, qui passe haut la main l’épreuve du live.
JOUR 2 : vendredi 15 août
Le temps est plus clément et la journée s’annonce belle, PORTISHEAD oblige. Mais pas que, notamment avec CHEATHAS en ouverture qui balance sans retenue sa Noisy pop aux premiers festivaliers sur place (malheureusement peu nombreux suite à un mauvais timing d’ouverture des portes au public…). L’hypnotique ANNA CALVI s’empare ensuite de la grande scène, entre murmures et envolées sonores la britannique maitrise son répertoire largement rodé en live depuis la sortie de son second album en 2013. L’atout charme de la journée précède PROTOMARTYR récente révélation post punk et dignes rejetons de la scène musicale de Détroit. Entre allures désinvoltes et influences bien digérées, le groupe donne un des concerts les plus convaincants depuis les débuts des hostilités de la vieille.
A suivre de prés …..
Tout le monde se réunit pour attendre SLOWDIVE et personne ne sera déçu. Les plus nostalgiques retrouvent leur premier amour shoegaze et les autres découvrent que guitares saturées et romantisme classieux peuvent faire bon ménage. Si l’on aurait aimé un set plus vivant et moins calibré, on sent que le retour est sincère. Le final, sous un déluge de guitares, nous rend heureux.
L’heure approche, le retour à St Malo du groupe de Bristol constitue l’événement de cette année, l’impatience de la foule est palpable. PORTISHEAD va mettre tout le monde d’accord : ce groupe est un ovni. Une maitrise musicale qui doit ressembler à la perfection sans jamais oublier l’émotion. C’est pour des moments comme celui ci que l’on aime la musique live. Grâce à Beth Gibbons accrochée à son micro qui te fout la chair de poule, grâce à Geoff Barrow guitariste tritureur de génie et à la puissance dégagée même par les morceaux les plus calmes. En guise d’apothéose, un « Roads » beau à en pleurer. Quoi qu’il puisse se passer par la suite du festival, ça valait le coup.
Et que dire de la suite ? Diverses sollicitations nous font louper la prestation de METZ, dommage. Après une pause d’environ une heure rythmée par un DJ inspiré et une chenille humaine fédératrice, arrive les furieux LIARS. Confirmant le virage electro avec leur récent album « Mess », Angus Andrew et sa bande transforme la route du rock en dancefloor géant. Entre rythmes martiales et chants incantatoires, l’ambiance est à la fête et tout le monde lâche prise. Difficile de passer après la furie Liars, mais le groupe berlinois « all stars » MODERAT va relever le défi haut la main. Plus ambiant, moins festif, mais tout aussi jouissif, le groupe nous amène jusqu’au bout de la nuit grâce à des rythmes hypnotiques et un visuel inspiré. Superbe deuxième journée.
JOUR 3 : samedi 16 août
Sur le papier, cette dernière journée est celle qui nous emballait le moins et son déroulement allait confirmer ce pré sentiment (la fatigue des festivités tardives de la vieille y est peut être aussi pour quelque chose….).
Entre un BAXTER DURY trop pop (mou) pour nos oreilles, PERFECT PUSSY trop bruyant pour être mélodique et TOY pas déplaisant mais au final sans trop de relief, on était curieux de voir le très hype MAC DE MARCO à l’oeuvre. Si sa musique nous laisse assez indiffèrente à l’exception de deux ou trois titres, son côté canaille le rend sympathique et son passage dans le public en fera définitivement le petit chouchou du festival sous un soleil breton retrouvé.
Nouvelle sensation de la scène psyché et auteur d’un premier album unanimement acclamé, TEMPLES était un peu la tête d’affiche de la soirée. Le rôle n’était il pas trop important pour ce jeune groupe si talentueux soit il ? Après un début de set énergique, les anglais ont eu du mal à soulever la foule. Bien exécutée mais sans folie, le come back 60’s (jusque dans le look) sent un peu le réchauffé…..
C’est du côté des bordelais de CHEVEU que l’on mise nos espoirs sur cette fin de soirée. Violent, sauvage et festif, les français font basculer la scène des remparts dans une orgie sonique dont peu ressortiront indemnes. JAMIE XX et TODD TERJE n’ont plus qu’à « finir le boulot » à l’electro mais pour nous il sera temps de quitter le site et de finir les festivités dans les profondeurs du camping malouin……
C’est avec un bilan un peu mitigé que nous regagnons Paris le lendemain. Des conditions climatiques difficiles et un accès au site à la limite du foutage de gueule (quid du budget pour les travaux Mr le Maire ?), une journée inégale, une seconde superbe et une troisième sans trop de saveur. Mais peu importe, on sait déjà que l’an prochain on y retournera de nouveau, comme une sorte de pèlerinage, celui de la musique indé.
Photos © STBC