Ce soir le Point Éphémère nous accueille sous une chaleur moite. Prêt à suer.
Acte 1, les parisiens de DEAF PARADE ouvrent le bal avec leur rock qui est allé faire un tour du côté de Seattle. Si on peut identifier une influence grunge assez nette, le mélange avec des inspirations garages fonctionne très bien. Presque tous les membres de la formation donnent de la voix pour assurer les parties de chant. Le groupe, visiblement heureux d’ouvrir pour THE GORIES, nous fait partager son enthousiasme. On est réceptifs !
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Acte 2, THE GORIES, trio de Détroit formé en 1986 arrive sur scène pour soigner nos âmes damnées par quelques notes de blues et un groove du diable. Il y a deux ans, je découvrais leur facette live à l’occasion de Villette Sonique, dans la Grand Halle. Le concert était complètement survolté (le meilleur de la soirée pour ma part devant Thee Oh Sees, c’est dire…).
Alors ça sonne comment THE GORIES ? Du blues classique? Des garagistes en mal de sensations fortes ? Des amplis qui crachotent après avoir pris des méchants coups de tournevis dans la membrane, torturés par une bande d’énervés ? Rien de tout ça. Le son des Gories, c’est un mélange détonant entre garage rageur et blues à l’ancienne comme on a pu en entendre dans le delta du Mississipi (coucou Robert Johnson et autres blueseux démoniaques). Le parfum sixties des Sonics ou même des Kinks période You Really Got Me est bien là. On peut aussi déceler du Velvet Underground pour le côté rock’n’roll. Pas de nostalgie ici bien sûr, très loin de là, même. Tatie Jacqueline fout le feu à son rockin’chair en l’aspergeant de bourbon frelaté. Car du feu, il en est question. Le feu sacré le plus pur. Le blues semble renaître dans leurs mains habiles avec un son bien précis et défini mais pas propre pour autant. La glaise prend forme. Vous reprendrez bien un peu de la boue du fleuve aux 4 s les amis? Les riffs tranchants de guitare sonnent comme une évidence, imparables. La crue n’est pas près de s’arrêter. THE GORIES nous accroche et nous emporte avec ses mélodies. Le groupe fait la différence car il sait composer de bonnes chansons qui nous restent dans la tête à l’image de titres comme ‘There But For The Grace Of God’. On apprendra que le morceau est français à la base. « Si, si, je vous jure ».
Pendant ce temps, le public profite d’un hammam gratuit. Le premier et deuxième rang s’agitent un petit peu mais la foule reste plutôt sage. Dommage. Sur scène, le groupe pratique son orfèvrerie du bayou avec dextérité et présence. Les deux guitaristes s’échangent les parties de chant. On assiste à une cavalcade de larsen quand l’un d’eux vient se coller à son ampli. Beaucoup d’expérimentation sonore mais aucun ennui ressenti, comme on pourrait l’avoir avec n’importe quel guitar hero sorti de sa pochette plastique scintillante. La musique de THE GORIES respire l’authenticité. Elle vibre dans tous nos membres. Le groupe lâche la dynamite. Certains courageux dansent. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Le son de la formation de Détroit parle à ton âme et fait bouger ta carcasse de damné du rock’n’roll. Nul besoin de plus, on est clairement au-dessus. Peu d’albums (juste 3 !) au compteur pour un groupe qui a de la bouteille ça veut aussi dire peu de moments creux. La setlist est donc parfaite.
Après ce tourbillon de musique, on sort happer un peu d’air frais et sécher doucement. L’un des meilleurs groupes du genre, THE GORIES, et le Point Ephémère viennent de nous offrir un moment intimiste et chaleureux au milieu des fragrances de sueur et de bière tiède. Que demander de plus ? Ah si, j’ai trouvé : un autre concert de ce calibre très vite.
Texte et photos © Nicolas Bauclin pour STBC
Remerciements à Point Ephémére