EAGULLS (30/05/16) – Nouveau Casino

Depuis combien de temps n’avait-on pas mis les pieds au Nouveau Casino pour un concert de rock ? En pénétrant dans la salle d’Oberkampf, rien n’a vraiment changé et le souvenir de quelques soirées nous revient vite en tête. Ce soir, puisque la salle a décidé de rouvrir un peu ses portes au rock’n’roll, c’est plutôt la révélation anglaise de 2014 qui nous intéresse.

On en a déjà parlé dans nos colonnes, et vous l’avez aussi sans doute rincé dans votre lecteur mp3… EAGULLS avait frappé très très fort avec un premier album bruyant et râpeux comme le bitume, un bon gros retour primitif du post-punk. Deux ans après, les gars reviennent et ils ont bien réfléchi. Quelle suite donner à une telle bombe sonique ? La réponse semble se trouver dans l’apaisement. Enfin, un apaisement tout relatif. Car sur « Ullages » (sorti courant mai), si les guitares semblent d’abord moins criardes ou arrogantes, c’est pour mieux jouer d’une lente combustion et livrer un peu plus de vulnérabilité. Pour résumer un peu bêtement, on est ici plus proche de THE CURE que de THE CLASH ! Tout ça nous amène logiquement sur la scène du Nouveau Casino où le quintet de Leeds arrive sans fioritures, la bouteille de rouge toujours à bonne distance. L’entame par le single « Lemontrees » indique assez vite la couleur. Les instrus sont déjà impeccables, et la voix de George Mitchell résonne dans la salle, prête à ouvrir un gouffre. Presque pas d’éclairage d’ailleurs, seul un projecteur qui diffuse des extraits du ‘Metropolis’ de Fritz Lang en background. Peu après, nous aurons droit aux quasi seuls mots de la soirée par le leader himself : « Ahh Paris, Paris et son public si tranquille… ». Allez savoir si ça l’emmerde ou s’il en rigole… On n’aura pas la réponse ; on s’accrochera plutôt à la performance musicale qu’à la prestation scénique débarrassée de tout affect. Et à vrai dire, même si on aurait apprécié un minimum de connivence avec le public, on ne reprochera pas au groupe de ne pas souhaiter jouer ce jeu, c’est aussi parfois ce qui fait une attitude sincère. Parce que pour le reste, oui, il n’est question que de sincérité avec EAGULLS.

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Pas de démonstration de force ou d’ornements ce soir, juste l’application impeccable de ce que les musiciens savent produire. Oscillant avec fluidité entre des titres les plus délicats et des singles à la révolte sidérante, le concert est concis, ramassé, et d’une parfaite précision. D’un « Nerve Endings » qui assène ses coups en passant par « Yellow Eyes » exalté, un « Heads or Tails » habité et caverneux ou la superbe complainte « My life in rewind », rien à redire musicalement tant le tout est interprété à la perfection. Et même lorsqu’on sent un coup de mou au milieu, le band nous balance l’énoooorme « Skipping » avec sa basse tout en tension, l’un des sommets de l’album, et du concert donc. C’est ainsi qu’au bout d’une bonne cinquantaine de minutes les garçons assènent le coup de grâce et sortent de scène sans ménagement, laissant peu d’espoir pour un rappel. On se retrouve un peu orphelin, un peu en manque, et en même temps pas surpris.

Ainsi, si la soirée manquait un peu d’affect, on a assisté à une prestation assez irréprochable, et c’est assez rare pour le noter. Allez, on reviendra les yeux fermés !

Texte et photos © Bastien Amelot pour STBC

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