Samedi soir nous étions en mode blues et remonté à fond pour la dernière date de la tournée européenne du petit génie basé à la Nouvelle Orléans, BENJAMIN BOOKER.
Nous croisons le jeune américain à l’allure timide au détour d’un verre quelques minutes avant de plonger dans l’arène. Du coup, nous manquons la première partie WILDE SMILE qui paraît-il, malgré des influences punk rock prometteuses comme Nirvana ou Ramones, n’ont pas offert au public un show mémorable. Ces bruits de couloirs nous ont quelque peu rassuré, et n’avons pas eu à supporter cette déception avant le concert tant attendu de ce soir.
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Vers 21h30, nous descendons au sous-sol. La salle est pleine à craquer. A peine avons-nous ouvert les portes que nous sommes projetés sur les rives du Mississipi avec une voix de femme, soul, enregistrée a-cappella. L’intro est efficace. Le sourire aux lèvres, le public accueille BENJAMIN BOOKER et ses 2 complices, sous une nuée d’applaudissements et de cris. Oui déjà.
Nous nous frayons un chemin pour voir de plus près le phénomène.
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Benjamin va rester très concentré, les yeux fermés mais déjà vif sur sa Gibson le temps des premiers morceaux, comme sur les pépites blues-rock « Happy Homes », Always Waiting » ou encore « Kids Never Growing Older », ceux-ci extrait de son unique et premier album éponyme.
Sa voix à la fois rauque et agréable, fragile et puissante, nous envoûte et nous emmène toujours plus loin dans les bayous. L’hystérie est grandissante dans la salle. Celle-ci est tempérée par petite touche lorsque Benjamin crée des moments plus intimes nous susurrant à l’oreille « Spoon Out Of My Eyeballs » ou « I Heard You Screaming »,.
Mais rapidement Benjamin change de visage, Il balaye le public d’un regard comme vengeur. Enchaîne les solos frénétiques de guitares. Max Norton (batterie) est puissant et juste. Chaque coup de baguette est intense et les enchaînements vibrant. Alex Soto (basse) troque son instrument de prédilection pour un second : un violon. Il se passe clairement quelque chose de magique. Ils nous offrent une succession d’instru qui prennent beaucoup de sens, chacun répondant à l’autre avec son instrument.
L’artiste est possédé et vit sa musique profondément. Dans cet élan d’insolence délicieuse, Il allume une cigarette, s’approche de son ampli, lâche même sa précieuse guitare pour bondir et se laisser porter par la joute instrumentale menée par Max et Alex. Leur échange crée une ambiance électrique, nous emmenant sur un chemin mystérieux et exquis, dont nous n’imaginons (et ne souhaitons) pas la fin.
Il reprend les rennes et nous balance les riffs entêtant de « Chippewa », rendant le public encore plus chaud. Les pogos au milieu de la foule prennent de l’ampleur, certains même, tentant de fabuleux crowdsurfing (oui quand les autres sont là pour vous soutenir, ça marche plutôt pas mal). C’est sur un « Violent Shiver » explosif qu’il remerciera le public avant de nous quitter… sans rappel.
Malgré cela, BENJAMIN BOOKER nous aura offert ce que nous attendons d’un vrai concert, de la vraie musique. Ses influences, du Gun Club aux Alabama Shake en passant par les White Stripes ne sont pas loin, et Benjamin, du haut de ses 25 ans a déjà tout compris et maîtrise la musique et le show à la perfection. Une rayonnante intensité.
Benjamin est reparti au pays de l’Oncle Sam, mais nous ne manquerons pas de vous faire savoir dès qu’il sera de retour à Lutèce, car il est essentiel de voir ce jeune homme « timide » en live.
Photos ©clarissegouello
Remerciements à Beggars France