Une très belle affiche, gorgée de bon pop-rock à l’ancienne et saupoudrée d’une pincée de nostalgie, nous a depuis quelques mois fait saliver comme des guedins. Petit Bain accueillait en ce début décembre la dernière date de la tournée W*A*S*H, joyeuse bande de potes à l’énergie débordante, sous le signe d’un équilibre parfait entre deux power trios et d’une succession de fulgurances à couper le souffle !
Le premier set est assuré par les trois californiens désormais installés à New York. Cette fois on ne parle pas de première partie au sens chauffeurs de salle, les trois sets de ce soir comprendront le même nombre de titres et les deux groupes sont à niveau égal. D’ailleurs le public est averti, la fosse étant blindée de monde de la première à la dernière minute de la soirée ! WE ARE SCIENTISTS entament donc la soirée à 20h30 avec toute la bonne humeur du monde, sur « Nice Guys » et la superbe « Nobody move, nobody get hurt ». Keith Murray propose ‘if you wanna use my body go for it, yeah’, et c’est la liesse assurée dans les rangs… Il s’offre même un Petit Bain de foule pendant « Textbook », fort apprécié ! Leur prestation se poursuit à merveille, jusqu’à « The Great Escape », morceau choisi pour s’éclipser avant de promettre de revenir très vite…
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Quelques minutes de changement de plateau plus tard, ASH investit la scène et entame les hostilités direct avec « Go! Fight! Win! » issue de leur dernier LP ‘Kablammo!‘. Tim Wheeler a gardé son timbre fin et dégaine ses solos à la Flying V tel un Joe Perry ou un Steve Jones. Mark Hamilton se fait plaisir à la basse se tordant tel un math-rockeux (pour un pote de scientifiques, ça fait sens !), tandis que le discret Rick McMurray assure au millimètre derrière ses fûts. Dès les 3 premières notes de « A life less ordinary », qui a manifestement baigné l’adolescence d’une partie de la salle, l’affiche du film nous surgit en tête et c’est reparti pour l’exultation, l’insouciance et la danse entre potes (mention spéciale pour le stage diving d’Elsa !). Les nouveaux morceaux se fondent à perfection avec les tubes « Kung fu » et « Shining light » qui résonnent ce soir… A l’instar de enchaînement du dernier single « Machinery » avec l’immanquable « Girl from Mars » d’ailleurs. Témoin trépignant, Keith Carne, le batteur de WAS son bandana de boyscout encore noué autour du cou, n’en peut visiblement plus d’attendre sagement, et passe les derniers morceaux du set de ASH au bord droit de la scène, crevant d’envie de s’y mêler !
Et ça ne tarde pas : au-delà du clin d’œil à Altman (ils arborent tous un t-shirt reprenant le visuel de MASH), W*A*S*H est donc la réunion éphémère des deux groupes, les six garçons s’auto-reprenant et s’adonnent à l’art de la cover improbable. En début de set, après avoir avalé une dose d’un truc transparent qui sent entre la tequila et la gnôle artisanale, les garçons sont bien de retour avec « The Boys are Back in town » (Thin Lizzy). L’attendue « Dumb Luck » des WAS enchante ensuite leurs fans, ils sont encore à l’honneur et même magnifiés par cette configuration… Parfois aidés d’antisèche, toujours en totale spontanéité, voici donc le ‘vrai’ set headliner, celui qui déchaîne, celui qui fonctionne à plein régime et assouvit les plus ridicules et inespérées des velléités. Car les reprises sont hallucinantes ; la bien trouvée « Just Like Heaven » des Cure précède la bombe pop « Burn Baby Burn » de ASH, hurlée de joie en chœur par l’audience où tout le monde devient subitement frères et sœurs. Les batteurs échangent régulièrement leur place contre une gratte sèche, les deux bassistes finissent l’un sur les épaules de l’autre dans la fosse sur « After hours » (WAS) ou font choquer leurs cordes, les vocalistes se font face hilares… Une nana porte un t-shirt parodique des Smiths, « There is a light that never goes out » lui est dédiée, puis ça continue sur l’abyssale « Where is my mind? » des Pixies. On a vu ce morceau maintes fois repris avec talent (oui, Placebo de la grande époque, oui Nada Surf…) mais ce soir c’est immense. On y est. Applaudis à la hauteur de leur mérite, le combo déplace un tom basse devant la scène, incertitude, et OMG, on a droit à une reprise tenant du génie de « The Beautiful People » de Marylin Manson ! Mais où la powerpop va chercher cette force ? Cette franche camaraderie devient folie, ne cesse d’amplifier, jusqu’à ce que Tim Wheeler et Keith Murray teasent l’audience : si vous voulez du Weezer, faites leur signe avec les mains ! Réponse massive immédiate, un nouvel enchainement parfait en feu d’artifice. « Undone (The Sweater Song) » relate une mise à nu : durant l’intro parlée Chris Cain suggère qu’il ne se séparera jamais de son t-shirt W*A*S*H pour l’année à venir, Tim lui suggère de le ‘laver’, et de le virer de suite ; nous assistons à un strip tease collectif sur ce titre qui parait tout simplement le meilleur jamais écrit, en tout cas ce soir pendant ses 10 bonnes minutes de WTF total. Les 6 t-shirts finiront entre les mains de fans…
Fin de concert à l’intensité rarement égalée, les six musiciens descendent dans la fosse (en slam ou à pieds joints) pour danser avec le public sur « Staying alive » en fond sonore. Manquent les boules à facette et la mousse, ou pas d’ailleurs ?! Les groupes restent un bon moment au merch à taper la discute, éreintés et dégoulinant d’endorphines. Il y a des soirées desquelles on sort, qui nous font nous dire ‘merde, c’est le meilleur concert de ma vie’.
Texte © erisxnyx et STBC
Photos © erisxnyx pour STBC
Remerciements à Alias et Petit Bain
Setlists
WE ARE SCIENTISTS
Nice guys
Nobody move, nobody get hurt
I Don’t Bite
Chick lit
Sprinkles
Textbook
Lethal enforcer
It’s a hit
Make it easy
The great escape
ASH
Go! Fight! Win!
A life less ordinary
Free
Kung fu
Cocoon
Oh yeah
Orpheus
Shining light
Machinery
Girl from Mars
W*A*S*H
The boys are back in town / Thin Lizzy
Dumb luck / We are Scientists
Angel interceptor / Ash
Just like heaven / The Cure
Burn baby burn / Ash
After hours / We Are Scientists
There is a light that never goes out / The Smiths
Where is my mind / The Pixies,
The beautiful people / Marilyn Manson
Undone (The sweater song) / Weezer