Au menu ce Mercredi 13 juillet 2016: THE VIDEOS, SHAME et FIDLAR. Rendez vous dégustation donné à la Maroquinerie.
FIDLAR, c’est quatre mecs de L.A réunis autour de l’acronyme de « Fuck It Dog, Life’s a Risk ».
Depuis leur formation en 2009, ils ont écumé les concerts aux côtés des Blacks Lips et The Hives. On ne les présente plus…. à part pour toi : ils s’appellent Zac (guitare/chant) Elvis, (guitare/chant), Brandon (basse), Max (batterie).
Huit mois sont passés depuis l’annulation de leur concert de novembre. Vous imaginez pourquoi. Le concert, d’abord reprogrammé au Trianon aura finalement lieu à la Maroquinerie. Aucun hasard s’il affiche complet.
Pas question d’arriver en retard, je trouve une place stratégique pour ne pas manquer d’une miette le spectacle. THE VIDEOS offre un apéritif un peu fade mais honorable. Le temps est long et mon impatience grandit à vu d’œil. Juste le temps de finir ma bière que la deuxième partie, SHAME, commence. Il est 20h tapante.
Cela peut vous intéresser : Les meilleurs endroits à visiter en octobre et novembre : 16 destinations de choix
Dès leur entrée, le groupe, pourtant inconnu au bataillon, se fait accueillir par un tonnerre de cris, la mise en condition optimale. Une fille s’écroule dès le 3ème morceaux, les premiers pogos ont eu raison d’elle. Ou la drogue. Peut-être les deux. L’accent anglais très anglais fait sourire. Le son pèche par sa lourdeur mais on tend l’oreille. Prestation scénique haut niveau, le son trop bourrin est compensé par quelques rapides passages harmoniques ou parties vocales parlées qui donnent le ton et évitent de tomber dans du déjà trop vu. Pour une première fois chez nous c’est pas degueu.Chauffer le public de FIDLAR avant FIDLAR c’est pas très compliqué mais les mecs s’en sortent plutôt bien. Le souvenir n’est pas mauvais. Pari réussi pour SHAME en trente minutes top chrono !
A lire aussi : PLAYLIST #38
21h28 on se cherche du regard. SÉRIEUX CA COMMENCE QUAND ?
Pas une seconde à perdre : FIDLAR démarre sec avec « Sabotage » reprise des Beasty Boys, étrange façon de s’introduire mais le public suit tout de suite. En deuxième position « Cheap Beer » résonne comme un cri de guerre.Ouais ok, on y est, c’est parti.
Quelques messages d’amour comme il en était de même au Trabendo (report). Paris est la ville la plus rock, accueillante, vaillante, … Cris d’approbations immédiats, ponctués de quelques rires jaunes dans la foule, d’un peu plus loin : « ah, s’ils savaient… ». D’autres tirades consacrées au Brexit et à l’Union européenne se perdent dans le brouhaha et les hurlements. Quand je tente d’en savoir plus auprès d’Elvis il me dira : « Jouer en France c’est toujours génial. Bonne bouffe et hospitalité… Souvent encore meilleure qu’en Angleterre ou aux Etats Unis. Ça fait du bien de se sentir bienvenu. ». Pour ce qui est de la question Européenne, on est sur, c’est à Paris qu’on est le mieux.
« Max can’t surf », « No Waves », « White on White », « Stoked and Broke » viennent s’enchaîner pour nous plonger dans l’univers FIDLAR des origines. La messe est en train de se dire, et elle est transcendante. Zac se tord et se distord dans tout les sens. Brandon qui pratique un jeu scénique efficace s’empresse de répéter un joli « mercimercimerci » en guise de transition. Ah, l’accent américain…
Un regard circulaire me montre que je ne suis pas la seule conquise. Il pleut des corps, partout, en continu. Pas que ce soit surprenant, mais le nombre ne diminue pas de la première à la dernière mesure ; la Maroquinerie se transforme rapidement en un vaste magma d’amour et de musique. Un combat de longue haleine pour moi et mon vaillant boîtier contre les pogos, jets de bières et mes sauts de joie.
On goûte enfin au second album avec « 40oz on Repeat » qui met tout le monde d’accord. Le message est clair et universel. On y parle de galère d’amour, de thune, de vie. Un cri de la jeunesse, un hymne, simplement et foutrement juste, donc beau.
« Because everybody’s got more money, they got more money than me
Why can’t anybody just give me some more money?
Because everybody’s got somebody, everybody but me
Why can’t anybody just tell me that I’m somebody’s?
I’m gonna lock myself inside my room
With this 40 ounce on repeat »
« Leave me Alone’ puis ‘West Coast ». Total cohérence entre album, même énergie, le public confirme. D’ailleurs « 5 to 9 » vient se fondre, se fusionner. L’enchaînement parfait. C’est à bout de force, suante, résistant sans résister aux coups naturels des mouvements de danse, du poids des slameurs et galipettes imprévisibles qu’on profite d’un moment de battement. On se regarde suant, en soutif pour certaines, sans t-shirt pour les autres. Zac se repose sur la batterie, les serviettes mouillées s’échangent et « Oh » commence. Perdu dans un autre espace temps et univers.
Fuzz imposante et enivrante c’est « Bad Habbit » qui emporte ce qu’il nous reste de souffle et retend le set. Je reste moins conquise par « Why Generation » trop faible à mon goût par rapport à ce qu’on nous a habitué. le public lui n’en démord pas. Suivi de « Punks » juste derrière, l’enchaînement prend sens sans résistance. Brandon, le bassiste se couche sur tout le flanc gauche du public. C’est aussi le cinquième slam de la fille en plâtre au premier rang: Punk. C’est tout ! Zac finit « Wait for the Man » en se laissant tomber progressivement à terre, avec nonchalance et grâce. Pas pour la pose. On suffoque aussi.
COCAINE RUNNIN ROUND IN MY BRAIN
Les premiers vrombissements de « Cocaine » font remonter la tension d’un cran… Pourtant à son apogée. Perte de contrôle ou libération d’énergie, pas besoin de poudre magique pour sauter en un état second. FIDLAR c’est la défonce pur, c’est le cœur qui se tend et le sourire qui reste, un exutoire en musique : nous avons les mêmes valeurs. Mais arrive « Wasted » et c’est déjà la fin, pas de rappel malgré les cris fatigués mais téméraires de la foule.
Drôle, plus personnel, approfondi, sans perdre l’intensité et la spontanéité d’écriture ; FIDLAR fidélise son audience, toujours complètement accro.
—————————————————————————–
Je vais poser une ou deux questions à Elvis et Max en me faufilant dans les loges. Plus comme un dialogue entre deux clopes, mon temps imparti par le régisseur est flou mais pressé.
Comment c’était pour vous ce soir ? Vous ressentez le même soutien de votre public ? A-t-il changé ?
Elvis : Chaud, très chaud. Mais aussi très drôle. Oui, je pense qu’on a le même soutien. Aussi chaud et fou depuis le premier concert à l’Espace B.
« Why Generation » c’est un message contre la jeune génération et son usage de la technologie ou un reproche contre la technologie elle même ? Que dénoncez-vous exactement ?
Elvis : Les deux je pense. C’est le côté sombre qui se révèle. La technologie peut être bonne pour plein de raison, mais mauvaise aussi, ça te déconnecte de la réalité. Les gens sont accrocs à leur téléphone. Il faudrait trouver un équilibre entre la vrai vie et la vie virtuelle.
Comment participez-vous à l’élaboration de vos clips ? On vous reconnaît clairement derrière le message véhicule avec votre style, mais comment se passe ce travail avec votre équipe ?
Elvis : La plupart du temps Ryan Baxley (videoman) apporte l’idée principale et nous en parlons entre nous avec les gars, comme dans le groupe.
Dans plusieurs chansons on peut trouver « To boring to fall in love », « try not to fall in love »… C’est pour le style ou vous croyez que l’on peut avancer sans (amour) ?
Zac : Love is everything ! Le point important dans tout ça, c’est que j’étais assis devant ma télé, en sevrage de drogue et je pensais « C’est tout ? C’est ce que les gens font ? C’est ça l’amour ? »
(Zac, dont on raconte qu’il aurait perdu sa copine morte d’une overdose, ne m’en confira pas plus ce soir…)
Le régisseur est plutôt sympathique mais profite de son passage m’avertir, je dois déguerpir.
Je dois couper court mais ma tête me dit de prendre racine. Je tente une dernière question.
Qu’est ce que vous pensez de la scène psychédélique ? Entre les festivals et l’engouement grandissant qu’elle rencontre, quelle est votre position ? Des groupes que vous aimez plus que d’autres… ? Oh Sees, Allas Las, Fat White, Pond…
Elvis : The Oh Sees ! Le meilleur groupe de la période c’est sur ! Sinon, en général, dès que quelque chose tombe trop profondément dans une catégorie, ça perd de sa valeur.
Max : Mon ancien coloc était le batteur des Oh Sees. On est proche mais ça n’influe pas entre nos groupes.
Elvis : Mon festival préféré ? Fun Fun Fun à Austin.
Texte et photos © Adèle Colonna pour STBC
Remerciements à Pias et La Maroquinerie