Pour parler de INTERPOL, on serait tenté d’évoquer simplement le costume que Paul Banks et ses acolytes exhibent à chaque concert : noir et classe.
Mais deux mots sont bien loin d’aborder toutes les nuances du groupe new-yorkais apparu au début des années 2000. Et ça n’est pas un hasard s’ils font partie de ces rares artistes capables d’assurer deux Olympia à guichet fermé.
Avec « Turn on the Bright Lights« , puis « Antics« , on avait été saisi par l’amplitude de leur musique qui, non sans évoquer quelques filiations, avait mis en lumière un rock aussi froid que mélodique, tout en sachant déployer une superbe rage maîtrisée. Malgré tout, les deux livraisons suivantes, « Our Love to Admire » et l’éponyme « Interpol » nous avaient quelques peu déçu. Probablement touchés par la perte d’un de ses fondateurs, les new-yorkais commençaient à tourner en rond, répétant à l’envie leur efficacité dans des titres moins habités, tout juste rehaussés par une poignée de singles sortant du lot.
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On attendait donc peut-être moins d’Interpol lors de la sortie de « El Pintor » il y a quelques mois. Et la surprise fut plutôt agréable de leur trouver une certaine fraîcheur renouvelée. Soyons clairs, les new-yorkais n’ont jamais détourné les yeux de leur son mais semblent tout de même avoir recroisés le chemin de l’inspiration.
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Il suffit d’entendre la salve d’applaudissements qui leur sera réservée lors de leur entrée sur scène pour comprendre que le public n’hésite pas à leur pardonner leurs quelques errements. Dès les premières notes de Say Hello to the Angels, on sait tout de suite qu’on est en terrain connu et que le groupe n’a rien perdu de la maîtrise parfaite de ses instruments et de ses arrangements. INTERPOL ne se concentrera pas spécialement sur le dernier album (la lancinante « My Desire« , l’énervée « All the Rage Back Home » ou l’habitée « Everything is Wrong » en seront les plus belles représentations) mais livrera une setlist variée qui fait quand même la part belle aux vieux succès tout en restant un peu trop droits dans leurs bottes. Si quelques morceaux plus anecdotiques font retomber un peu l’énergie, on peut néanmoins compter sur les tubes imparables du groupe et la voix impeccable de Paul Banks pour nous happer dans leur rock crépusculaire. Avec « Slow Hands » ou « Evil« , le public exulte sa joie, tandis que « Rest my Chemistry » ou « Lights » nous hypnotisent complètement.
Le final sur « Stella was a Diver » viendra quand même nous rappeler la nécessaire omniprésence du 1er album, comme si INTERPOL peinait un peu à se départir de ses débuts fulgurants. Ce qui par ailleurs n’enlève rien à la beauté glaciale d’un rock sous tension constante, un spleen dans lequel on aimera toujours se réfugier.
Photos © Gilles Barbeaux
© Nicolas Roger