C’est fin janvier lors de leur concert au Supersonic que nous avons eu l’occasion de croiser les membres de FAI BABA, qui entamaient une petite tournée européenne pour défendre leur nouvel album « Sad & Horny ». Pourtant si l’on parle bien d’un groupe, ce projet est bel est bien le fruit de l’imagination du suisse Fabian Sigmund, qui trouve enfin une postérité méritée avec ce cinquième disque penchant furieusement vers le blues, et empruntant des chemins contemporains plus pop psyché. La galette a déjà bien tourné sur nos platines, ce qui nous a poussés à en savoir plus. On retrouve ainsi Fabian dans les loges de la petite salle de Bastille, tranquillement enfoncé dans un canapé pendant que les musiciens s’éclatent sur une borne d’arcade juste à côté.
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Salut Fabian, comment tu vas ? Ce n’est pas la première fois que tu viens à Paris…
On commence tout juste les concerts de cette tournée, donc ça va bien, je suis reposé. On a déjà joué à Paris avant, mais de tout petits concerts. On ne faisait pas beaucoup de promo à l’époque, donc il y avait peu de monde.
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Tu viens présenter ton cinquième album et j’ai beaucoup entendu parler de renouveau, mais en découvrant ta discographie, tu n’as pas changé de style, c’est plutôt une évolution ?
Oui ce sont toujours mes chansons, avec la même vibe. Mais pour cet enregistrement, j’ai invité quelques amis. Beaucoup de monde a participé sans que cela ait la forme d’un vrai groupe. En revanche, pour la partie live, c’est une toute nouvelle formation ! L’ancien groupe était plus ou moins mort… On se battait souvent, il n’y avait plus l’excitation du début, donc il était temps de changer et ce qui se passe désormais est très excitant.
Tu avais besoin de changement humain pour ta direction musicale ?
C’est surtout une question de relation avec les amis : on s’engueulait pas mal, on picolait un peu trop. Tout ça est devenu trop lourd et ça s’est planté. Donc j’ai dit au groupe « Hey, mettons fin à tout ça, c’était cool, mais on doit aller vers d’autres directions ». Tout le monde était d’accord là-dessus. Par la suite, c’est devenu assez logique. J’avais déjà commencé à enregistrer avec Domi Chansorn il y a au moins 2 ans. On a donc commencé à jouer en duo. On se pointait sur scène, on jouait mes titres et c’était fun. L’été dernier, on a fait une bonne vingtaine de concerts comme ça. Et maintenant que l’album est là, j’ai assez envie d’avoir un vrai nouveau groupe.
Ta collaboration avec Domi justement semble être déterminante. Vous avez trouvé une nouvelle dynamique ?
J’écris toujours les chansons. J’ai enregistré la moitié de l’album tout seul mais on a fait 6 titres avec Domi. C’était plutôt la partie « Horny » du process. En studio, on jouait un peu de tous les instruments. C’était très naturel, pas du genre « lui produit, et lui enregistre les bases et il ne touche à rien d’autre »… On s’est juste pointé tous les deux avec des idées, on les a collées sur bande et on a tout gardé.
Cette part plus importante d’improvisation te plaît ?
Je crois surtout que d’être avec des gens cool qui ont une bonne impulsion sur ta musique, c’est super agréable. Ça peut aller vite et devenir très intéressant. J’aime aussi beaucoup travailler seul mais mon idée pour ce disque était quand même d’avoir un son un peu différent. Et les nouveaux titres sont vraiment cool !
« J’ai toujours eu une forte envie de composer ma musique et avoir un groupe »
Tu as commencé à faire de la musique dans une école classique, mais tu en a eu marre apparemment ?
Quand j’avais 8 ans, j’ai commencé la guitare sèche. Cette école a juste duré 2 ans mais ça ne me plaisait pas effectivement. Vers 14 ans, je suis passé à la guitare électrique. On sortait avec un pote, on fumait des joints et on jouait de la gratte. J’avais quelques capacités je crois, mais c’était vraiment une période d’apprentissage, on improvisait, on se cherchait. J’ai toujours eu une forte envie de composer ma musique et avoir un groupe. Mais c’est plutôt vers 22-23 ans que j’ai vraiment commencé à écrire et monter sur scène sous le nom de Fai Baba.
Tu as vite sorti un premier album, et puis tu ne t’es plus arrêté !
En 2010 oui, « Love Sikk ». Ces albums n’ont été qu’une sorte de progression. Au départ, j’étais à fond sur les enregistreurs, les modules d’effets et tous ces trucs électroniques. Et j’ai réalisé qu’il y avait encore beaucoup de grands musiciens qui travaillent encore comme ça. Façon DIY, sans gros studio, juste un back to basics. Le songwriting était plus développé au début. Pour cet album, je voulais juste faire de belles chansons. Des titres que tu peux jouer simplement, agréables à écouter et surtout fun à jouer !
C’est important pour toi de garder ce côté DIY ?
En fait, personne n’est venu un jour me dire « Hey mec, faisons un grand album. Si quelqu’un me proposait 100 000 dollars, je ne crois pas que je refuserais. Mais là je fais juste ma musique à ma façon.
Tout ça dépend forcément un peu de l’argent que tu y mets. Tu peux enregistrer des trucs très bien avec un magnéto 4 pistes… Mais pour le coup, je suis un peu fatigué de tous ces trucs lo-fi à présent. J’aime quand même bien les univers avec beaucoup de sonorités, en terme de richesse musicale.
J’ai vu qu’il y avait un projet de bande originale pour le cinéma à la base de cet album ?
Oui mais j’ai été en quelque sorte disqualifié… Pas à propos de la musique en elle-même, mais plutôt à cause des décisions du réalisateur qui a voulu partir sur une perspective différente. J’ai quand même gardé les bandes avec moi, je suis allé les enregistrer en studio et j’ai recommencé à écrire de nouveaux titres. Puis je suis allé à New-York, et j’ai bricolé un album entier, mais personne là-bas ne voulais sortir ce disque. Du coup, je me suis posé un peu, j’ai commencé à jouer avec Domi et on a décidé d’enregistrer ce qui a complété ce nouvel album.
Ton projet est devenu plus précis à ce moment ?
Quasiment un an après avoir enregistré, j’ai réalisé que certains titres avaient disons… mal vieilli. J’ai su qu’il fallait en jeter une partie. Généralement, quand j’écris une chanson, je me rends assez vite compte s’il y a un truc qui cloche ou pas. Ce disque était bon, très mélancolique et calme. Mais j’ai trouvé qu’il serait plutôt rafraîchissant d’enrichir tout ça. Ça donne ce disque un peu bipolaire. Le mélange des deux parties marche bien ensemble. Mais à l’écoute, j’entends bien un seul et même album.
Qu’est-ce que tu écoutes comme musique en ce moment ?
Je ne suis pas un fouilleur qui écoute tout ce qui sort. J’attends juste que quelque chose arrive et m’emporte. En ce moment, je n’écoute rien de particulier. Dans le bus, on se passe du Kendrick Lamar, un peu de hip-hop, du jazz aussi, genre John Coltrane. Surtout de vieux trucs finalement comme les Beatles ou les Doors. J’aime bien tous ces nouveaux titres qui sortent à la radio, mais ça tourne vite en boucle et ça finit par m’ennuyer.
Tu me disais que l’enregistrement de l’album date maintenant, tu travailles déjà sur de nouveau titres ?
On a déjà joué quelques nouvelles pistes en studio, mais je ne crois pas que ce soit prêt à être publié pour le moment.
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FAI BABA sera en concert le samedi 4 mars au Trabendo
dans le cadre du Paris International Festival of Psychedelic Music
Photos live au Supersonic le 25/01/17 (voir plus)
Interview réalisée par Bastien Amelot pour STBC
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