En ce beau mardi d’automne, nos pas nous dirigent vers ce qui est probablement la salle parisienne la plus chaleureuse. Ce pour plusieurs raisons, à commencer par la qualité de l’accueil du staff ; entre l’entrée, la régie, les vigiles et le restaurant (et on ne mentionne même pas les plats, divins à se damner), tous ont le sourire. Ensuite, la patine de la salle revêt un cachet inimitable, il faut reconnaître que les lights et la sono apportent souvent un vrai plus. Et puis la programmation : rarement de fausse note, avouons-le. C’est donc une soirée pratiquement gagnée d’avance à La Maroquinerie, ayant d’ailleurs déjà croisé la route des deux groupes de la soirée.
Mais voilà, on a beau avoir déjà assisté à un concert du VILLEJUIF UNDERGROUND emmené par Nathan Roche, on n’en avait franchement pas grand souvenir. Et notre impression ce soir : mais pourquoi ? Pourquoi programmer un set si down-tempo, si sombre, servi par des musiciens si renfrognés et sur eux-mêmes, en première partie d’un KING KHAN réputé pour son partage sans concession ? A 20h30 et durant les quarante minutes attribuées à la formation franco-australienne, la salle est à vrai dire loin de respirer la joie de vivre ; sa configuration est d’ailleurs réduite, il y a la place pour circuler et le bar en haut reste rempli. Le néo-psyché bien tendance du VILLEJUIF UNDERGROUND semble tout de même emporter la plupart des âmes présentes (coucou Guillaume Marietta au premier rang, et même Arish Ahmad Khan en retrait sur les marches) ; reconnaissons au public sa bienveillance si ce n’est sa patience. Certains en revanche se lassent d’assister à un set qui manifestement mal préparé et maladroit, entrecoupé de larsens au micro, Roche reprogrammant régulièrement sa boite à rythme plus vite, moins vite après aval de ses potes sur scène… Le jeu de scène est assez pauvre. C’est un style, qui plait ou non. La fin de leur temps imparti termine cette prestation à peu près comme elle s’est déroulée : ça applaudit gentiment, on s’attend à une suite ou un rebond ; et puis non, ciao. Entracte.
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Entrant l’un après l’autre sur scène de manière assez théâtrale sur une intro rôdée, KING KHAN & THE SHRINES marquent une très nette coupure contre une première partie finalement très brouillon. Tout est majestueux, burlesque, élégant, spontané, gai, ça brandit les instruments comme des armes de rock’n’roll massif. Côté allure aussi, ça a de la gueule. Profitant de la setlist comme structure permettant deux passages du leader backstage, comme un vrai changement d’ambiance, les trois costumes de scène successifs du frontman sont tour à tour costard à couleurs claires, tenue lycra noire à broderies de paillettes et fausse fourrure, gros trous sur chaque fesse, slip avec une cape résille… laissant s’exprimer au naturel tout ce qui a besoin de s’exprimer. Ça sent le fait maison, l’artisanal, la sincérité. Les neuf zicos sur scène ont chacun leur personnalité, entre leurs éclats, les regards malicieux, le passage de leurs instruments au public, les incursions au cœur de la fosse. Tout cela ferait passer l’euphorie débordante de THE POLYPHONIC SPREE pour une triste chorale réduite de rase campagne. Autant dire qu’on a complètement zappé la mélancolique première partie au bout de deux minutes de KING KHAN !
Et puis il y a l’audience. Les poings levés, les mains en prière de gratitude, les La La La quand il faut ; on tourne la tête et la joie transparait sur simplement tous les visages de la salle désormais sold out ou presque. Véritablement impossible de ne pas se sourire, tous, unis dans la générosité sauce dopamine ! On pourrait passer en revue les titres évocateurs et tous plus lourds de sens les uns que les autres, entre « Born to Die » dédiée à Paris, ici, ce soir à La Maro…, la ballade « Fool Like Me » (dont on apprend qu’elle a été écrite par Britney Spears, non c’est une blague), une « So Wild » qui fait bondir tout le monde, « I Wanna be a Girl » le zgueg quasi à l’air, finir sur « No Regrets »… Comment ne pas être conquis, c’est là une immense décharge de plaisir pour les sens.
Avec BBQ ou ses ‘fantastiques’ SHRINES comme il les appelle, chaque passage du King canadien est immanquable, garantie de trouver au-delà de ce qu’on cherche en concert : une vraie claque, de l’amour, des copains, l’envie d’écouter encore plus de rock’n’roll.
Texte et photos © erisxnyx pour STBC
Remerciements à La Maroquinerie