Une annonce surgit sur l’event Facebook de ce soir : les Écossais seront en retard, problème de van. Tant pis, ou plutôt tant mieux : il est commenté que cela laissera plus de place aux autres groupes pour s’exprimer…
Nous avions l’esprit moqueur à l’annonce du groupe d’ouverture : NOYADES au Batofar ? Nous préparons-nous à étouffer dans d’atroces souffrances seinoises ? La péniche va-t-elle chavirer en naufrage ? Erreur ! En réalité nous avons fondu d’émerveillement dès les premières notes. Car les postures math-rock et l’allure de chevelu métalleux ne trompent personne sur les intentions du trio lyonnais : de grandes vagues soniques emportent le public qui a eu le bon goût de se rendre à l’heure au Batofar ce soir. Au défi d’un niveau sonore suggérant d’enfiler tes bouchons d’oreilles alors que tu en avais déjà mis, Cyril, Vincent et Jessy provoquent headbang et trémoussement du bassin sur leurs pièces instrumentales qui « s’écoutent habillé tout en noir, les cheveux devant les yeux, une burgbier dans une main, et un tacos steak dans l’autre » dixit leur réseau social.
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Sonne 21h15, l’heure d’entrée en piste des parisiens de WALL/EYED. Leur dreampop onirique se révèle tantôt douce à souhait, tantôt hypnotique et sensuelle. Un set relativement houleux, notamment sur le somptueux dernier titre « Alaska », durant lequel une pédale du clavier propose spontanément une petite variation impromptue, donnant un relief tout à fait charmant à l’ensemble. Le groupe commence à se faire incontournable au sein de la scène psyché française, ayant notamment assuré les deux éditions du Festival Psychédélique en juillet 2014 et 2015, et les premières parties d’affiches internationales prestigieuses (THE LUCID DREAM, TALES OF MURDER AND DUST). A ce titre, de nombreux fans sont présents ce soir ; à l’instar d’ailleurs de cette rangée féminine au premier rang, depuis laquelle est balancée une petite culotte en satin à l’attention d’un Nicolas Prokopiadis proprement hilare !
On entend sur scène, lorsque les parisiens rassemblent leur matos : « Ils sont arrivés les Comic Dead ?! »
Si une réponse sérieuse s’avérait nécessaire, ce serait un OUI massif.
Quelques minutes plus tard, THE COSMIC DEAD débarquent (ou embarquent) au compte-goutte pour une balance express. James McKay, qui vient d’enfiler sa Telecaster Vintage modifiée, s’amuse à fignoler ses tests micro entre un growl gras comme sa barbe et le gimmick de John Scatman : l’ambiance est posée ! Omar Aborida arbore une douce sangle de basse en pilou robe de chambre, le petit joint d’herbe calé derrière l’oreille droite, tout en détente.
Pas de setlist sur scène : hors rappel, 3 titres seront interprétés ce soir en une bonne heure, dont le dernier étiré sur une belle demi-heure hallucinogène sans temps mort. Aussi parlerons-nous plutôt de mort des vaisseaux sanguins et de neurones grillés, car la cale du Batofar est véritablement humide, déchaînée dans un délire collectif, générant un joyeux pogo à contusions.
Avant de tirer révérence, Lewis Cook quitte son clavier pour chatouiller du micro et reprendre la basse désormais à 3 cordes laissée en plan par Omar qui a filé backstage, basse qui finira d’ailleurs entre les mains d’un spectateur connaisseur le temps de quelques lignes !
Les glaswégiens reviennent pour un rappel plébiscité, grappe de raisin en offrande à cette audience en transe, le batteur Julian Dicken prêche depuis ses fûts la serviette éponge noire sur la tête apposée comme une chasuble religieuse.
On était prévenu, ce n’était pas notre première fois, mais les COSMIC DEAD auront tout défoncé : la gratte balancée à terre, les cordes pétées, les pédales décédées, l’ampli éventré, des bleus plein les corps… un délicieux trip extatique passé ce soir en leur compagnie.
Photos et texte : © erisxnyx pour STBC
Remerciements au Batofar