Dans le cadre du Festival Villette Sonique, c’est une programmation estivale éclectique et un espace plutôt sympathique dont il était possible de profiter du 2 au 8 Juin. Parmi les artistes qui composaient la scène Rock de la semaine, le groupe COACHWIPS et le fameux TY SEGALL faisaient partis de ceux que le public attendait impatiemment.
Non fumeur, gros dormeur, hautement caféiné et grand bosseur, Ty Segall travaille beaucoup pour ne pas trop réfléchir. Du haut de ses 26 ans, le jeune-homme compose des mélodies complexes. Il est l’auteur de paroles plutôt significatives comme le prouvent les titres « my head explodes« , « you’re the doctor« , ou plus récemment « what’s in my head« .
Après avoir monté The Traditional Fools, groupe avec lequel il enregistre un album, le joli blondinet est repéré par John Dwyer ( chanteur de The Oh sees et patron du label Castle Face).
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De la même façon que ce dernier refuse de donner des interviews, Ty segall comprends vite que l’absence et le mystère sont une façon de perdurer dans le monde du Rock’n’roll 2.0. Il suffit de voir que le jeune-homme publie plus d’albums par ans que de statut facebook, pour comprendre une stratégie qui est finalement d’éviter d’en avoir.
Sous ses airs angéliques, il va sans dire que l’enfant prodige a depuis longtemps conquis un large public. Batteur, guitariste, compositeur, seul ou accompagné, Ty Segall n’a définitivement plus rien à prouver. Applaudis par la critique, il est la figure même de l’émergence d’une génération de débrouillards Californiens. Un an après Twins, vient l’album Sleeper, plus introspectif, moins Heavy et saturé, mais représentant une rupture attendue car risquée. Cette dernière sera pourtant un succès immédiat, et l’album ne sera seulement considéré que comme un nouveau coup de génie.
Ce vendredi 6 Juin donc, un démarrage en trombe avec COACHWIPS. Au centre de la scène et à la limite de la fosse, les musiciens exécutent leurs morceaux presque sans interruptions. Dans une mêlée générale le public encercle le groupe, de telle sorte qu’une des seules façons d’apercevoir le visage de John Dwyer est de se mêler à la foule compacte qui entoure les trois membres, ou plus simplement de lever les yeux vers l’écran à l’horizon de la scène, sur lequel il est possible de reconnaître les artistes et la foule déchaînée.
Après un joli set instrumental des Américains de Man or Astroman, il faut attendre une bonne demie-heure pour voir enfin apparaître Ty Segall Band.
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Voici venir Ty et « Wave Goodbye » en introduction. Blond comme le blé, guitare en main, suivis de près par trois autres chevelures de sirènes: Charlie Moothart ( membre du groupe Fuzz avec Roland Casio et Ty Segall) à la guitare, Mikal Cronin ( avec qui Ty Segall joue depuis le lycée) à la basse, et Emily Rose Epstein pour la batterie.
Les chansons défilent et l’atmosphère électrique de la salle ne faiblit pas, chaque riff ravageur est l’occasion de pousser, sauter, crier, d’approuver physiquement des compositions garages et noisy. Entre nostalgie délicate et violence, le rythme effréné provoque autant qu’il fascine.
L’incisif « Thank God For Sinners » arrive, et produit l’effet escompté de tout titre bien connus. Mais voici que la foule à également l’occasion d’applaudir quatre nouvelles chansons dont « The Wave et The Hill« , dont la réception prouve que celles-ci ont déjà été largement écumées par l’auditeur connaisseur.
Du rappel découle trois derniers morceaux et, avec l’apogée du ressenti musical vient l’excitation, mais aussi l’appréhension de la clôture du concert. Pas d’inquiétude toutefois: la Cigale accueillera le divin enfant à Paris le 28 Octobre prochain. Jusque là, retour au bercail, et tournée Américaine estivale pour le talentueux Ty Segall.
Un merci à Charly pour sa brillante mémoire*
Photos © Charlotte Courtois