XIU XIU + LE PRINCE HARRY + DELACAVE (17/05/17) – Petit Bain

C’est avec enthousiasme que l’on foule le sol de la péniche, la soirée étant dédiée à la sortie des nouveaux opus de deux groupes « majeurs » du label indé franco-belge Teenage Menopause réputé pour ses choix radicaux et casse-gueule.

Avant le double chaos annoncé, le quatuor DELACAVE ouvre l’événement avec un set mélancolique et bruitiste porté par une voix féminine ombrageuse, convoquant quelques fantômes noisy de la fin des années 1980, de Sonic Youth à The Breeders. La chanteuse lead est également la bassiste de la formation, assumant le choix a priori insolite de ne jouer que sur deux cordes. Mais cette restriction auto-imposée dans l’exploration des tonalités et des accords crée une sorte de leitmotiv, un fil rouge reliant les morceaux les uns aux autres dans une volonté décomplexée de minimalisme. Si l’ensemble peut être fragile, on se laisse surprendre par une ou deux fulgurances émotionnelles.

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Le deuxième acte de la soirée sera plus éprouvant… Duo liégeois bénéficiant d’une certaine popularité dans le milieu alternatif français et belge, LE PRINCE HARRY fait dans la surenchère. Clichés mais bien rodés, les titres du nouvel album fraîchement paru s’enchaînent dans un tourbillon de sueur, de poses outrancières et de blagues qui tombent à plat. L’idée d’une relecture volontairement régressive du post-punk « analogique » n’est pas mauvaise en soi mais elle se trouve ici ébranlée par une exécution mécanique et artificielle.

Enfin, XIU XIU s’installe sur la scène de Petit Bain pour présenter son nouveau LP Forget. Sans roadie et en quatrième vitesse, Jamie Stewart et son acolyte Shayna Dunkelman prennent leurs marques et démarrent leur set tout en douceur dans un combo guitare-synthés. La maîtrise vocale de Stewart est d’emblée mise en lumière tandis que la percussionniste se dirige lentement vers ses nombreux instruments avant la déferlante expérimentale à (très) hauts décibels… Un concert de XIU XIU n’est pas que la transposition live de morceaux déjà pointus et baroques dans leur construction. Un concert de XIU XIU bouscule les codes mêmes de la représentation scénique musicale, et ce particulièrement dans une salle de taille moyenne. La proximité de Stewart et Dunkelman avec le public appuie cette impression de performance d’art total underground. Les corps s’agitent puis se détendent, dans une cadence quasi insoutenable, en parfaite continuité avec les sons qu’ils créent et les réactions des spectateurs. Le show ne reçoit cependant pas toute l’attention qu’il mérite. On regrettera en effet une tension et un manque de concentration dans la fosse et près du bar venus perturber par moments le génie imprévisible du duo cosmopolite.

 

Photos et texte © Astrid Karoual pour STBC
Remerciements à Petit Bain

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